Bonnavaz, histoire d'une longue amité

chanter et vivre en coeur
Tout commence à BONNAVAZ (Haute Savoie) en 1958...

La colo de Bonnavaz, près de Taninges (Haute Savoie) fut fondée en 1941 par le père Jean Noël Philippe curé des paroisses de Sathonay Camp et Sathonay Village situées alors dans le département de l'Ain.

Un clic dans Sathonay et Bonnavaz et nous y sommes grâce au satellite de Goole Heart
(Téléchargement gratuit ICI)

Chapelle Notre Dame du vieux chalet à Bonnavaz


Le père Philippe

L'abbé Jean Noël Philippe a 40 ans lorsqu'il est nommé curé des paroisses de Sathonay Camp et Sathonay Village. Il a manifestement une vocation d'éducateur. Il dirige lui-même le patronage du jeudi où les garçons deviennent Coeurs Vaillants (Tous unis!) et les filles Âmes Vaillantes (Le sourire toujours!). Ces devises s'impriment dans le coeur des enfants et durablement dans leurs mémoires. A tous il veut donner un idéal et prend ainsi, pendant les vacances, le relais de l'école et des familles qui partagent les mêmes valeurs morales.

 En 1941 la guerre sur le territoire national est terminée, mais le pays est en partie occupé. Même dans la zone libre la sécurité est incertaine, le ravitaillement problématique. L'abbé est alors sollicité pour organiser une colonie de vacances, qui permettrait à des enfants désoeuvrés de vivre en groupe dans une certaine insouciance en un lieu apaisant, favorable à une bonne santé physique et morale.

Il rencontre le curé de Taninges et c'est au hameau de Bonnavaz, à l'écart des routes, qu'il trouvé un chalet de montagne inoccupé. Le lieu n'est pas vraiment prêt à accueillir des enfants mais le site est enchanteur, l'air est pur à 1200 mètres d'altitude, le lieu est vraiment paisible. Un torrent, le Foron coule tout près. C'est décidé, il loue le chalet.

Pour les premiers colons, 20 garçons de 9 à 13 ans, (40 filles du même âge logeront à Taninges la première année) l'arrivée à Bonnavaz est un dépaysement total.
Les voilà en pleine nature loin du cocon familial et sans aucun confort. Au dortoir pas de lits, on dort sur la paille dans des sacs de couchage. On s'éclaire le soir à la lampe à carbure. Le matin c'est à l'eau froide du Foron que l'on fait sa toilette. C'est là aussi qu'à tour de rôle on va puiser l'eau nécessaire à la vie du chalet. On aide à la cuisine et partout où c'est utile. Chaque matin c'est deux heures et demi de marche aller et retour, avec des bidons munis de bretelles comme les sacs à dos, pour aller jusqu'au pied du Roc d'enfer, chercher le lait à la fruitière, coopérative où sont fabriqués beurre et fromage. Les lourdes miches de pains sont portées dans des armatures métallique de sac à dos depuis le chalet "des Crottes", en passant sur le "Pont du diable"...


Ils découvrent ainsi la rude vie des montagnards et leurs activités. Avec pelles, pioches et brouettes ils déblaient les abords du chalet, qui devient peu à peu "leur chalet". Avec la joie de la difficulté vaincue, ils découvrent la fierté de contribuer au bien être de tous.
Et si la vie en groupe impose des contraintes, elle fait naître aussi une chaleureuse fraternité indispensable à une bonne intégration dans ce milieu nouveau. On n'a pas le temps de s'ennuyer. Les marches où l'on chante en choeur apprennent l'endurance. Vient aussi le temps du repos, la sieste quotidienne, et le soir celui du recueillement dans la chapelle, puis le cailloux" qui permet de faire le bilan de la journée.


Colons et moniteurs devant le chalet à Bonnavaz


1956 ou 57 devant la chapelle

C'est 1956 après 15 ans d'une activité débordante que le père est appelé à un autre ministère...
Sathonay accueille alors son nouveau curé, le père Blanc ainsi qu'un jeune vicaire, le père George Druguet. Grâce à cette nouvelle équipe les années passent, toujours aussi riches et constructives.
Cependant, les services administratifs deviennent de plus en plus exigeants. La mise aux nouvelles normes en vigueur des bâtiments serait ruineuse. Ces raisons vont conduire à une cessation d'activité. L'association crée pour gérer les colos de Bonnavaz et du Pont des Gets sera dissoute et les bâtiments vendus le 23 septembre 1973 laissant chez quelques uns une certaine amertume...

Ainsi l'expérience tentée par l'abbé Philippe aura vécu 30 ans. Il en parlera toujours avec bonheur, lui qui a su garder avec les anciens colons des liens affectifs très forts.
Lors de la célébration de son centenaire à Miribel (01) le 27 septembre 1997, plus de 200 colons et amis se sont rassemblés pour le fêter et lui témoigner reconnaissance et attachement.

Il a déclaré :
- J'ai toujours considéré les anciens de la colo comme mes propres enfants. Cette colonie de vacances de Taninges aura été une exaltante aventure humaine.

À Marcel Mathy un de ses fidèles pionnier (Père de Mimie Mathy) ainsi qu'à Elisabeth de Boissieu qui recueille ses souvenirs il confiait alors :

- L'époque se prêtait sans doute à mettre en valeur l'essentiel, il était plus facile de faire comprendre où résident les vraies valeurs, et cette colonie de vacances a su créer un esprit de famille ineffaçable.

D'après la Gazette de Sath'nâ du printemps 2009

***

C'est dans ce contexte d'une richesse exceptionnelle que quelques anciens colons devenus moniteurs et aides moniteurs, se prirent à chanter à plusieurs voix en s'accompagnant à la guitare. Ils faisaient aussi parti de la chorale de Sathonay dirigée par Lina Gardet, ils étaient donc à bonne école.

Ils s'appelaient André, Claude, Daniel, Gérard, Jacquy, Jean Claude, Jean Paul, Jeannot, Michel, Pierrot...

Un nom de scène made-in-USA était sorti spontanément :

Les Teddy Boys
...

colo de 1958, Les Teddy Boys deviendront :

Les Joyeux Balladins


Pendant de longues années après sa fermeture, la colo de Bonnavaz et sa chapelle connurent un destin inattendu. Elle devint une fabrique de viande de boeuf séché, viande dite "des Grisons" très apprécié dans la "raclette", plat traditionnel régional dont la renommée a très largement dépassé les limites du département. On a vu alors la chapelle servir d'entrepôt, de garage à voitures...

Puis ce fut le miracle!

Par un beau jour d'été, tous les anciens de la colonie de vacances de Bonnavaz furent aimablement invités par de nouveaux propriétaires, un couple d'artiste. Leur invitation conviait tous les anciens colons à la cérémonie de réhabilitation de la chapelle à présent magnifiquement restaurée, et à sa bénédiction. En fait, cette chapelle avait été construite à l'origine à l'initiative de plusieurs paroisses. Elle est désormais un site protégé du patrimoine national.

Grâce à cette belle rencontre nous avons pris conscience d'une communauté beaucoup plus large que "notre colo à nous". La chapelle est maintenant ouverte à tous.
La vierge en bois de Notre Dame du vieux chalet a enfin regagné la chapelle, éclairée aujourd'hui par de superbes vitraux.


La chapelle de Bonnavaz restaurée